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La Grande Mademoiselle (1627 - 1693)

 

 

Tous les historiens s’accordent à dire que Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, et donc oncle de Louis XIV, avait une fille terrible (petite fille d’Henri IV), pleine d’énergie, de courage, d’esprit aventureux en Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, appelée Mademoiselle et plus tard la Grande Mademoiselle.

Insupportable enfant qui considérait l’orthographe comme trop vulgaire que pour être apprise, elle ne savait à peine lire et écrire mais, en revanche passionnée de chevaux et de liberté, montait aussi bien qu’un mousquetaire, franchissant les obstacles comme personne, s’adonnant même aux maniements des armes...

 

La Grande Mademoiselle devant Orléans

La Fronde allait lui donner une belle occasion de se faire une réputation légendaire quand Gaston d’Orléans, son père, l’envoya à Orléans - cité qui lui appartenait comme apanage - pour l’engager à se donner au parti de la Fronde.

Mademoiselle fit le trajet à cheval, à la tête d’une troupe de cavaliers. Mais Orléans avait fermé toutes ses portes, les habitants ne voulant se compromettre avec aucun des partis. Impatiente de ne pouvoir pénétrer, elle fit le tour des remparts, avisa des bateliers afin d’aider à rompre une porte mal gardée : « Je songeai peu à prendre le bon chemin, je grimpai comme un chat, je me prenais aux ronces et aux épines, je sautai toutes les haies sans me faire aucun mal… » Par deux planches arrachées, elle passa par le trou et comme il y avait beaucoup de boue « un valet me prit, me porta… deux hommes me prirent et me mirent sur une chaise… tout le monde me baisait les mains, et je me pâmas de rire de me voir en si plaisant état… »

Détail de costume de la Grande Mademoiselle sur le livre de decoupage « Amazones d’hier et d’aujourd’hui », 1905

Mais à peine Orléans fut prise, que l’inaction l’ennuya ; accompagnée de quelques dames, elle rejoignit l’armée des frondeurs à Étampes : le canon tonna dans le tintamarre des tambours, généraux et officiers l’accueillirent…

Toujours montée à califourchon, jupe retroussée (comme beaucoup de dames de son époque et de sa suite), général en jupons, elle portait un singulier costume avec de grosses bottes à l’écuyère ou à chaudron, féminisé par quelques plumes sur la tête, avec ou sans chapeau à bord de fer, tiges de fer !

 

Puis, le 2 juillet 1652, ayant fait tirer les canons de la Bastille sur les troupes de son royal cousin Louis XIV, lors de la bataille du Faubourg Saint Antoine, Mazarin s’exclama : « Le canon a tué son mari ». Mademoiselle en effet combattait non contre le roi qu’elle rêvait en secret d’épouser mais contre le ministre dont elle voulait le débarrasser… On raconte qu’elle nourrissait également des projets matrimoniaux avec le prince de Condé, son cousin, qu’elle tenta de sauver lors de cette bataille.

Elle fut contrainte de s’exiler en son château de Saint-Fargeau où, toujours fougueuse cavalière, elle se passionna pour de longues promenades équestres quotidiennes et pour la chasse qu’elle pratiquait trois fois par semaine. Elle fit venir des chevaux d’Allemagne et, d’Angleterre, une magnifique meute de chiens.

 

Rappelée à la Cour en 1657, ce ne fut qu’en 1664 qu’elle décida de ne plus la quitter. Très titrée, riche héritière, pour tenir son rang elle mit un soin tout particulier pour se féminiser et devenir très élégante, décorer son environnement avec beaucoup de goût, posant et mettant à l’honneur les peintres de renom.

 

Mais elle resta impopulaire… et ne monta pratiquement plus à cheval !

 

Rosine Lagier

 

Sources : mes collections et ma bibliothèque.

 

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